BARACK OBAMA , LE BASKET DANS LA PEAU

h-9-ill-997170-obama.jpgLe matin de son triomphe dans les primaires de l’Iowa, Barack Obama a disputé, avec son équipe de campagne, une petite partie de basket-ball. Une simple coquetterie de communication, destinée à montrer son allant, à l’heure où les hommes politiques aiment s’afficher sportifs ? Mauvais procès : l’attachement du sénateur de l’Illinois au basket-ball remonte à loin, et, selon ses proches, dépasse la seule anecdote. “Il ne savait pas qui il était avant de découvrir cette discipline, explique au Monde son beau-frère et ami, Craig Robinson, entraîneur de l’équipe de basket de l’université de Brown. C’est là qu’il a rencontré des Noirs pour la première fois.”


Son agenda ne précisait pas si Barack Obama devait à nouveau s’adonner à quelques tirs et autres feintes de corps avant la primaire du New Hampshire, qui devait, mardi 8 janvier, être une nouvelle étape importante dans sa course à l’investiture pour représenter le Parti démocrate à l’élection présidentielle américaine. Son emploi du temps surchargé ne lui a guère laissé le temps, ces dernières semaines, d’user ses semelles sur les playgrounds. Pourtant, adolescent, et même adulte, cette activité a façonné l’homme et le politique.

Métis, né à Hawaï d’une mère blanche et d’un père Kényan, Barack Obama a passé ses premières années coupé de ses racines noires, à la suite de la rupture entre ses parents, alors qu’il avait 2 ans. A l’âge de 10 ans, revenu à Hawaï après quatre ans en Indonésie, il a reçu la visite de son père, qu’il n’avait plus revu depuis huit ans. En cette année 1971, ce quasi-inconnu lui a offert, pour Noël, un ballon orange qui allait lui changer la vie.

Grâce au basket-ball, sport fétiche des Blacks américains, Barack Obama a pu se faire ses premiers amis, s’émanciper, intégrer une communauté répondant à des codes d’honneur spécifiques. Dans son premier livre autobiographique, Dreams From My Father, il raconte comment “ces hommes noirs (lui) ont enseigné la notion de respect et à ne pas afficher (ses) émotions, comme la peur ou la souffrance”. “Ils m’ont appris, dit-il, cette unité toute particulière se dégageant lors des fins de matches serrées.” Une vidéo de 1979, à l’image de mauvaise qualité, le montre, mini-coupe afro au vent, vêtu du maillot no 23, concluant une action pour l’équipe du lycée de Punahou. A cette époque, le futur candidat à la présidence des Etats-Unis se faisait encore appeler Barry, un surnom passe-partout qui lui a permis plus jeune d’éviter les questions énervantes sur ses origines.

Le basket a également permis de rassurer sa future femme, Michelle. Originaire d’une famille de Chicago croyant que le basket révèle le caractère d’une personne, quand sa relation avec Barack est devenue sérieuse, elle a demandé à son frère, ancien joueur professionnel, de mesurer le mordant de son prétendant. “Le basket de rue est un jeu où l’honneur est important, analyse Craig Robinson. Il n’y a pas d’arbitres, donc tout dépend de ton honnêteté. Si tu perds, essayes-tu de déconcentrer ton adversaire en lui parlant, ou en trichant ? Tout ce que tu fais sur le terrain permet de découvrir quel genre de personne tu es vraiment dans la vie.”

Star de l’université de Princeton au début des années 1980, Craig Robinson a donc emmené Barack Obama sur un terrain afin de jouer avec certains de ses amis. Il a rapidement été conquis. Le natif d’Honolulu était confiant, adepte de bons mots, parfois moqueur, mais nullement arrogant. A la fin de l’après-midi, il avait passé son test avec succès.

ALLIÉS ET DONATEURS

Le 17 décembre, en pleine campagne dans l’Iowa, Barack Obama, âgé de 46 ans, a accepté avec enthousiasme de se mesurer, en un contre un, à Scott Price, de l’hebdomadaire sportif Sports Illustrated. “Je sais que les politiciens veulent toujours offrir un visage différent au public, je ne suis pas naïf, explique en riant Scott Price. Mais quand je l’ai appelé, c’était un peu comme si je contactais un pote pour lui proposer d’aller jouer au basket. Il était marrant, spontané, il ne s’est pas soucié du “qu’en-dira-t-on”. Pour lui, c’était enfin l’opportunité de faire quelque chose de relaxant.” Barack Obama, impitoyable, a battu le journaliste.

Dans les clubs sportifs de Chicago, le sénateur de l’Illinois s’est bâti au fil des années une solide réputation. Gentleman, il peut toutefois être physique, agripper les maillots et donner un coup de coude pour prendre position dans la raquette. “Il trouve toujours un moyen de gagner”, constatait récemment un ami proche, Martin Nesbitt, sur la chaîne ABC.

C’est aussi sur les parquets que Barack Obama s’est constitué ses plus précieux alliés et donateurs. Au sein de son équipe actuelle, on retrouve des banquiers, des financiers, des politiciens et des hommes d’affaires influents de l’Illinois rencontrés dans les années 1990, en short et en chaussures de sport, transpirant lors d’intenses joutes physiques.

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