VINCENT POIRIER, 22 ans, est une montagne qui culmine à 2,12 m, un gabarit qui ne court pas les rues. L’intérieur du Paris-Levallois fait partie des grands espoirs du basket tricolore, au point d’avoir déjà été sélectionné en équipe de France A’ l’été dernier. Mais Vincent Poirier, qui a commencé le basket à seulement 18 ans, joue très peu en Pro A : vingt-deux minutes et 5 apparitions en 12 matchs cette saison.
Alors, pour qu’il progresse, son club et la Fédération française ont trouvé un accord « pour que Vincent ait la possibilité de jouer avec nous et le Centre fédéral », explique Antoine Rigaudeau, coach du PL. Depuis début décembre, le géant né à Clamart possède donc une double licence, l’une en Pro A et l’autre en Nationale 1. Hier soir, il jouait à Caen avec le Centre fédéral avant de se rendre aujourd’hui à Strasbourg avec le Paris-Levallois. Si les deux équipes jouent en même temps, c’est le PL qui a la priorité.
Le statut particulier de Vincent Poirier agace en N 1 mais est rendu possible grâce à la création de la licence AS haut niveau il y a trois ans. Celle-ci permet à un joueur de moins de 23 ans d’avoir deux licences, l’une dans une structure inférieure à l’autre. « Il n’y a rien de pire pour un jeune que de rester sur un banc, explique Patrick Beesley, directeur technique national. Nous avons sollicité le Paris-Levallois pour Vincent. Il est identifié comme un gros potentiel. Il faut lui donner la chance de jouer et de progresser. L’idée est que d’autres clubs aient cette démarche, comme Pau (Pro A) avec Tarbes (N 1) pour que des jeunes jouent en Pro B ou en N 1. » « Ce système existe en Espagne depuis longtemps et on a constaté que, sur les compétitions internationales, leurs jeunes étaient plus matures », poursuit Jean-Aimé Toupane, entraîneur du Centre fédéral et sélectionneur des moins de 20 ans.
Outre Poirier, trop âgé pour évoluer avec les espoirs du PL, il n’existe qu’un seul autre cas en France : la Toulousaine Camille Cirgue, qui évolue en Ligue féminine et à Colomiers en Nationale 1. « Avec Fred Fauthoux (NDLR : son adjoint), nous sommes certains que c’est une bonne solution pour Vincent », poursuit Antoine Rigaudeau, qui mise sur le potentiel de son intérieur. « A moi de leur prouver qu’ils ont raison, confie la jeune pépite, prêtée à Hyères-Toulon en Pro B la saison passée. Je ne peux le faire qu’en jouant, alors cette situation me satisfait. Je dispute trente minutes par match avec le Centre fédéral. Je prends mes marques et j’emmagasine de la confiance. Je comprends que je ne peux pas le faire en Pro A. J’ai besoin de travailler car j’ai commencé tard. Avant mes 18 ans, je faisais du foot. »
Vincent Poirier a déjà participé à trois matchs avec le Centre fédéral, qui manquait de grands dans sa raquette. « Il a de bonnes stats (NDLR : 14 pts, 7 rebonds, 22 d’évaluation en moyenne). En fonction de sa progression, on récupérera un tout autre Vincent l’année prochaine », considère Antoine Rigaudeau. L’avenir du jeune Poirier dans le basket semble en tout cas tout tracé.